Alors que la région Asie-Pacifique se prépare à une croissance sans précédent de l’aviation, les dirigeants régionaux se sont réunis à Cebu, aux Philippines, pour veiller à ce que cette expansion se fasse en toute sécurité et de manière durable. La 59e Conférence des Directeurs généraux de l’aviation civile de la région Asie-Pacifique, à laquelle ont participé 361 dirigeants du secteur de l’aviation, s’est concentrée sur l’élaboration d’un plan de croissance de l’aviation dans la région à l’horizon 2050.
« Dans certains États, l’aviation et le tourisme représentent jusqu’à 40 % du produit intérieur brut national. De plus, de nombreux États insulaires et États sans littoral dépendent fortement du transport aérien pour se connecter au reste du monde », a déclaré Salvatore Sciacchitano, le Président du Conseil de l’OACI, dans son discours d’ouverture.
« Notre objectif est de créer un système mondial d’aviation inclusif qui stimule une croissance économique soutenue pour tous les États membres, quel que soit leur niveau actuel de développement sur le plan de l’aviation », a déclaré Juan Carlos Salazar, le Secrétaire général de l’OACI, s’adressant aux délégués.
La création récente d’un bureau de liaison de l’OACI à Fidji, avec l’appui de plusieurs pays partenaires, aidera les petits États insulaires en développement à mettre en œuvre les normes internationales et à tirer pleinement parti de l’aviation en tant que catalyseur du développement durable.
Mettre l’action environnementale au premier plan
La Conférence a soutenu les efforts mondiaux visant à réduire à zéro les émissions nettes de carbone de l’aviation internationale d’ici à 2050. Cet objectif ambitieux nécessite des changements fondamentaux dans la manière dont les aéronefs volent et dont ils sont alimentés. Vingt-quatre États d’Asie-Pacifique, représentant 83 % des vols internationaux de la région, suivent déjà leurs émissions de carbone par l’intermédiaire du CORSIA, le Régime de compensation et de réduction des émissions de carbone pour l’aviation internationale.
L’accent a été mis sur l’augmentation de l’offre et de l’utilisation de carburants d’aviation durables (SAF) en tant qu’élément essentiel de la stratégie de décarbonation. La Conférence a approuvé le Cadre mondial de l’OACI pour les SAF, les carburants d’aviation à moindre émission de carbone et d’autres énergies plus propres pour l’aviation, qui comprend aussi le pôle d’investissement financier (Finvest Hub). Le pôle d’investissement remplit plusieurs fonctions importantes : créer une plateforme pour jumeler des projets de décarbonation de l’aviation à des investisseurs potentiels, examiner des mécanismes de financement innovants, collaborer avec des banques de développement et tenir à jour une base de données de sources de financement.
« La réduction à zéro des émissions nettes sera l’objectif le plus exigeant parmi les six du plan stratégique à long terme de l’OACI. Il nécessitera une transformation fondamentale des technologies, des opérations, des partenariats et du financement. Cette transformation doit aller au-delà du secteur de l’aviation, pour englober les secteurs de l’énergie et des finances et se répercuter sur de nombreux autres secteurs », a souligné le Secrétaire général.
Relever les défis de sécurité et d’efficacité
La Conférence a permis de s’attaquer à des problèmes cruciaux en matière de sécurité et d’efficacité qui deviennent de plus en plus urgents à mesure que le trafic aérien s’intensifie dans la région.
Les niveaux actuels de la supervision régionale de la sécurité sont inférieurs aux moyennes mondiales, ce qui incite à renouveler les engagements en faveur de l’amélioration.
Les questions de capacité ont également été abordées, le Président du Conseil, M. Sciacchitano, soulignant qu’« une meilleure collaboration entre les opérations civiles et militaires est essentielle pour une utilisation optimale de l’espace aérien et pour un système de gestion du trafic aérien plus efficace ».
Plusieurs défis technologiques cruciaux étaient à l’ordre du jour. Alors que la région en est à moins de la moitié de la deuxième phase des mises à niveau prévues des systèmes numériques d’information aéronautique, les dirigeants se sont engagés à accélérer ce travail essentiel pour gérer davantage de vols en toute sécurité et créer des routes efficaces qui consomment moins de carburant et réduisent les émissions.
Les délégués ont aussi exhorté les gouvernements à prendre des mesures adaptées pour détecter, atténuer et signaler le brouillage radiofréquence du Système mondial de navigation par satellite (GNSS), qui menace la sécurité de la navigation, et à communiquer les meilleures pratiques en matière d’atténuation des interférences.
En outre, la Conférence s’est penchée sur l’intégration harmonieuse des vols de drones dans l’espace aérien existant et a examiné les cadres permettant d’intégrer l’intelligence artificielle dans l’aviation tout en maintenant les normes de sécurité.
Façonner un avenir où personne n’est laissé de côté
« Constituer une main-d’œuvre inclusive en aviation n’est pas seulement une question d’égalité – il s’agit d’assurer la compétitivité et l’innovation futures de notre secteur », a déclaré le Secrétaire général. Les dirigeants ont reconnu que l’égalité entre les genres dans le système de transport aérien était essentielle pour que le secteur conserve une main-d’œuvre professionnelle sur la durée, et qu’une croissance durable nécessitait de pouvoir puiser à même tous les talents disponibles. La Conférence a noté que certains États de la région Asie-Pacifique ont pris des mesures exemplaires en matière d’égalité des genres en adoptant des politiques et en publiant des circulaires qui font la promotion de la représentation des femmes et des jeunes filles dans le secteur de l’aviation. Malgré les progrès accomplis, les femmes restent largement sous-représentées dans le secteur de l’aviation, en particulier dans les fonctions techniques et les postes de direction. Dans le cadre du thème de la Conférence Façonner l’avenir de l’aviation pour qu’il soit durable, résilient et inclusif, la Conférence a exhorté les États et les administrations, les organisations internationales et le secteur à continuer de travailler en faveur de l’égalité des genres, à synchroniser les efforts pour réaliser les objectifs stratégiques, les buts, les programmes et les initiatives de l’OACI afin de faire progresser l’aviation civile internationale de manière durable.
Élargir le champ
Plusieurs réunions bilatérales et multilatérales cruciales ont eu lieu parallèlement à la Conférence. Un dialogue entre donateurs a réuni 14 partenaires et 28 délégués afin de coordonner les activités de soutien à la mise en œuvre. L’OACI a également participé à des réunions productives avec de petits États insulaires en développement du Pacifique et a piloté des discussions sur le développement de la capacité réglementaire afin de déterminer les priorités de coopération pour la région APAC.
Le Japon accueillera la Conférence de 2025 à Sendai ; elle se concentrera sur la manière dont l’aviation peut accroître la prospérité économique tout en veillant à la durabilité environnementale.